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Prix d’art urbain Pébéo : à la rencontre de GRAFFMATT

22/06/2021

À l’occasion de la 5e édition du Concours International Mixed Media organisé par Pébéo, rencontre avec GRAFFMATT.

Qui es-tu et quelle est ta pratique ?

Je m’appelle Matthieu, alias GRAFFMATT. Je suis né en 1986 en Savoie et je suis installé à Chambéry. J’ai grandi dans une famille d’artistes et le dessin a toujours été présent dans ma vie. Mais c’est à Lyon que j’ai acheté ma première bombe, alors que je venais juste d’obtenir mon BTS en Communication Visuelle. Inspiré par le graphisme et le graffiti, j’ai tout de suite compris tout le potentiel que pouvait offrir la peinture aérosol lorsqu’on la combine à l’acrylique. J’aime jouer avec les textures de manière assez brutale, afin de casser le côté un peu trop lisse qu’on peut reprocher à l’aérosol. Je n’hésite pas à balancer des pots de peintures sur mes supports pour créer des coulures ou d’utiliser des brosses usées et des cartons pour donner du grain à mon travail. La douceur de mes sujets se retrouve alors chamboulée et ma peinture prend vie.

Que cherches-tu à exprimer à travers ton travail ?

Une beauté fragile. Dans ce jeu de provocation entre pureté et dynamisme, ma peinture reflète le mouvement de notre société, un paysage bouleversé par l’activité humaine. Les circonstances que nous traversons depuis plus d’un an ont d’ailleurs renforcé en moi ce besoin de témoigner sur notre place dans la société. Nous évoluons dans un monde en pleine mutation avec chaque jour une nouveauté, un nouvel outil censé rendre nos vies plus confortables mais qui laisse de moins en moins de place à la réflexion. On peut retrouver cet idéal (ou cette conformité) dans mes portraits ou mes scènes urbaines. Mais derrière cette beauté ou cette atmosphère silencieuse se cache la vraie couleur de la réalité. Mes arrières plans sont souvent sombres mais n’évoquent pas pour autant la tristesse. Au contraire, j’utilise des teintes sombres afin de donner de la force et de la profondeur à mon travail en rendant à la lumière toute sa noblesse. Les violets, noirs et blancs dominent et la lumière, incidente, donne une valeur expressive au clair-obscur.

Quelle est la place de ta pratique artistique dans la vie de tous les jours ?

Depuis quelques années j’ai la chance de pouvoir vivre de mon art. Cela est arrivé progressivement et je ne me suis jamais mis de pression pour y parvenir. Au contraire, c’est pour cette raison que je me suis formé et orienté dans le graphisme afin d’y trouver une certaine stabilité financière tout en pouvant exprimer ma passion à côté. Mais les commandes et les expositions se sont enchaînées et ont pris les devants sur mon emploi. Aujourd’hui je navigue entre mon atelier et les fresques, aucune journée ne se ressemble. Cela demande beaucoup d’effort d’organisation mais je prends goût à cette liberté d’expression et au temps que je consacre à ma passion.

Qu’est-ce qui t’a poussé à candidater pour ce prix ? Qu’attends-tu de cette sélection ?

Nous vivons une période compliquée et les événements culturels sont devenus rares. Lorsque j’ai vu que Pébéo lançait sa 5ème édition du concours d’art urbain, je n’ai pas hésité à répondre avec une œuvre en cohérence avec la situation actuelle. Loin d’avoir l’esprit de compétition, je trouve en revanche qu’il est important pour un artiste de sortir de ses sentiers battus. Les concours artistiques offrent cette opportunité et je la saisis comme un challenge artistique. C’est même enrichissant de voir le travail d’autres artistes et de les rencontrer lorsque c’est possible.
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Peux-tu nous parler de l’œuvre que tu as choisie pour participer au concours et pourquoi ce choix ?

Avec les nouvelles règles de vie en société et les obligations que nous devons respecter, je ne pense pas être le seul aujourd’hui à vouloir tourner la page et respirer à nouveau comme avant. En représentant un homme à cheval s’éloignant du spectateur, j’ai voulu transmettre ce sentiment d’évasion dont je rêve régulièrement. Ce cavalier vu de dos semble être déterminé à s’évader, brandissant une bombe de peinture vers le haut, comme s’il appelait les autres à le suivre dans sa quête de liberté. À la manière du peintre William Turner, j’ai réalisé un fond tourmenté et flou, illustrant alors l’incertitude de notre avenir. Le sujet central est alors mis en valeur par cet arrière-plan vaporeux. L’œuvre s’intitule « Go Forward » et a été réalisée à l’acrylique Pébéo et à l’aérosol sur châssis toilé (100 x 65 cm).
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